Clair-Obscur

Category: Livres,Bandes dessines,Histoire

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Quand la guerre révèle les rapports troubles qui unissent les êtres…Paris, sous l'Occupation. Ila Gardner répertorie et protége les œuvres d’art pour éviter une mainmise trop envahissante de la commission militaire allemande. Mais il est difficile d’échapper à la vigilance de l’officier Rolf Hauptmann. Les deux individus s’opposent dans leurs choix politiques, leurs convictions humaines, leur rapport à l’art. Lors d’un interrogatoire, un bras de fer s’engage entre eux, qui va cristalliser leurs dissensions mais aussi mettre à jour les liens complexes et profonds qui les motivent…Pouvoir, passion, domination, émotion, survie : une plongée au cœur de l’âme humaine toute en finesse et subtilité, orchestrée avec brio dans un noir et blanc entre ombre et lumière. Mari et femme à la ville, Kathryn et Stuart Immonen livrent ici une œuvre aux antipodes de leurs travaux habituels, qui révèle une toute nouvelle facette de leurs talents.

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Reviews

Il s'agit d'une histoire complte et indpendante, d'abord publie sous la forme de webcomic, puis sus format papier pour la premire fois en 2010.L'histoire s'ouvre sur une femme assise sur une chaise qui attend sagement que quelqu'un vienne l'interroger. Il y a pour tout ameublement une table nue et 2 chaises. Un homme entre, il porte un plateau avec une carafe et 2 verres. Il sort et un autre homme entre apportant une liasse de feuillets qu'il pose sur la table. Les feuillets s'envolent vers le haut. La scne change pour un retour en arrire. Dans une gare parisienne, 2 femmes se sont leurs adieux. Il est vident qu'elles sont lies par les liens du sang et que celle qui part usurpe l'identit de sa soeur pour bnficier de ses papiers en rgle. L'histoire se droule pendant la seconde guerre mondiale Paris, sous l'occupation. Une personne pntre dans la pice de la premire scne pour interroger la jeune femme. Il apparat qu'elle est une conservatrice de muse qui fait tout son possible pour que les oeuvres d'art du muse o elle travaille ne disparaissent pas et soient pas emmenes par l'occupant allemand. De son cot, l'officiel allemand tente de comprendre comment sont gres ces uvres d'art, afin de pouvoir rapatrier les plus pertinentes en Allemagne. Il s'en suit une partie de cache-cache, d'affrontement de volont et mme confrontations de convictions.L'diteur Top Shelf est spcialis dans les comics qui sortent de l'ordinaire et dont les auteurs ont une certaine ambition littraire (ou autre). J'ai donc t assez surpris de voir apparatre un rcit des poux Immonen dans leur catalogue. Madame (Kathryn) s'est plutt fait connatre en crivant des sries de superhros (par exemple une aventure des RunawaysHomeschoolingen VO, ou une aventure deWolverine & Jubil, ou dePixie) et son poux (Stuart) en les dessinant (par exemple les New Avengers de Bendis dansSigeou lesNextwavede Warren Ellis). Ici, aucun superhros et un rcit trs ambitieux en termes de narration qui s'adresse des adultes prts faire un effort de lecture.Pour commencer, les illustrations de Stuart Immonen n'ont rien voir avec le style qu'il emploie pour les histoires de superhros. Ici il utilise une approche trs dpouille et stylise et il utilise le noir & blanc. Les visages se rapprochent du simplisme des smileys ( l'oppos du photoralisme). Il y a un simple trait pour chaque sourcil et un simple point pour figurer l'il. Malgr cette approche minimaliste, les expressions des visages traduisent des sentiments complexes. Chaque personnage dispose d'une morphologie qui le rend unique et tous les visages sont distincts les uns des autres. Stuart Immonen fait preuve d'une grande matrise formelle dans chacune de ses illustrations et dans la composition de ses planches. Il n'a recours qu' des formes gomtriques les plus simples possibles, avec des -plats de noir massifs qui mangent parfois les visages. Son style oscille entre des personnages rendus la manire d'Herg, des dcors (en particulier les rues de Paris) qui voquent parfois le travail de Tardi, et des cases qui s'approchent de l'abstraction par l'utilisation de formes gomtriques pour l'ombre qui mange les dtails tout en faisant apparatre de singulires compositions. L'ensemble de ces approches graphiques s'amalgame harmonieusement pour un rsultat d'allure trompeusement simple et trs facile lire. Il s'en dgage une ambiance noye dans les zones d'ombre, qui convient parfaitement ce rcit sophistiqu.Kathryn Immonen construit son rcit sur 2 temps diffrent : celui de l'interrogatoire et celui des retours en arrire qui clairent peu peu les circonstances. Tout n'est pas explicite et il appartient au lecteur de relier les points du rcit entre eux, ainsi que de dduire les motivations des personnages partir des dialogues. L'enjeu relatif aux uvres d'art des muses parisiens correspond une ralit historique de la priode retenue (la seconde guerre mondiale). Mais l'enjeu de la partie qui se joue entre Ila Gardner (la conservatrice) et Rolf Hauptman (l'officier allemand) ne se limite pas la conservation de ses lments patrimoniaux. L'un comme l'autre, ils sont confronts l'absurdit de leur situation et la perte de repre quotidien du fait de la guerre. En particulier, Ila Gardner constate chaque jour la disparition arbitraire des individus qu'elle a l'habitude de ctoyer, tel que son boulanger. Cette ralit mouvante contraint les individus remettre en question le sens de leurs actions, le sens de leur vie. Immonen emmne le lecteur vers un questionnement philosophique (s'apparentant au point de vue de Martin Heidegger) tout en restant dans le registre d'une histoire simple. Et puis, au fur et mesure que l'affrontement des convictions des 2 personnages avance, il apparat que la question du classement des uvres d'art peut se transposer celui des humains impos par le nazisme.Je ne m'y attendais pas : partir d'un rcit tout simple et d'illustrations toutes simples, les poux Immonen emmnent leur lecteur au travers d'interrogations existentielles complexes. Il n'y a pas proprement parler de rsolution dans ce rcit, il s'agit plus d'un voyage qui transforme les personnages principaux. La guerre n'est qu'un danger diffus de tous les jours ; il n'y pas de mchants soldats nazis caricaturaux. Il y a des circonstances extraordinaires qui font perdre leurs repres et leur cadre de rfrence des individus normaux.

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